Les nukak makú en danger en Colombie

Nukak Maku

Selon le maire de San José del Guaviare, Geovanny Gómez, la seule tribu nomade d’Amérique serait en danger depuis que les Farc contrôlent la jungle colombienne.

En 2005, le Frente 44 des Farc aurait expulsé ces indigènes de leur territoire d’une superficie d’un million d’hectares, obligeant les 600 nukak makú à trouver refuge à San José del Guaviare, une petite ville située à 400 kilomètres au sud-est de Bogotá.
Selon le maire de cette commune, les guérilleros de la Farc considéraient que leur présence était un obstacle à leur action et craignaient que ces derniers les dénoncent aux autorités colombiennes.

Expulsés de la forêt, les nukak makú vivent donc entassés dans trois exploitations agricoles de San José en attendant que les conditions soient redevenues favorables pour rejoindre leurs terres ancestrales.

Mais pendant ce temps les nukak makú perdent peu à peu leur culture, certains mendient dans les rues, les jeunes veulent un téléphone portable et se couper les cheveux comme les autres colombiens.
Les plus âgés meurent peu à peu et les traditions, les légendes et les méthodes de subsistance dans la jungle ne sont plus transmises.

De plus, l’arrivée des nukak makú en ville ne s’est pas réalisée sans problèmes. Ces indigènes n’ont pas la conception de la propriété privée et considèrent que tout aliment ou objet qu’ils trouvent sur leur chemin peut être pris. Cela a provoqué bien évidemment des affrontements avec les paysans qui se plaignent des dégâts que les nukak makú font dans leurs champs mais aussi des vols de fruits et de vêtements.

« Ce n’est pas la faute des nukak makú, ils ont toujours vécu ainsi depuis des siècles, habitués à prendre dans la nature ce qu’ils trouvent », fait remarquer le maire.

Habitués à pêcher et à chasser sur un territoire de plus d’un million d’hectares, les nukak makú ne trouvent plus de quoi s’alimenter dans les trois petites exploitations où ils ont été placés et, par conséquent ils se rendent dans les exploitations voisines pour prendre ce dont ils ont besoin ou ce qu’ils trouvent d’intéressant.

Comme on leur a donné des haches et des machettes pour qu’ils puissent survivre, certains d’entre eux ne montent plus dans les arbres pour y chercher les fruits comme ils le faisaient jadis dans la jungle, mais préfèrent directement les couper au grand dam des propriétaires des exploitations.

Les paysans se plaignent également de l’usage du « barbasco », un poison qu’ils utilisent pour pêcher. Les eaux empoisonnées sont ainsi la cause d’une grande perte d’animaux qui s’y abreuvent.

Les autorités tentent de faire comprendre au nukak makú que certaines choses ne peuvent pas être faites et les paysans tentent de de les comprendre avec patience, mais la tâche n’est pas facile.
Les habitants de San José tout comme les indigènes attendent donc le moment venu pour que ces derniers puissent regagner la forêt… quand les guérilleros de la Farc leur permettra. Mais plus le temps passe et plus les nukak makú perdent leurs traditions, et les chances de sauver cette dernière culture nomade de la jungle s’amenuisent.