Les 14 coffee shops de Maastricht ont fermé leurs portes pour protester contre les mesures destinées à freiner le tourisme de la drogue aux Pays-Bas.

Cette mesure qui entre en vigueur ce 1er mai 2012 dans le sud du pays impose aux coffee shops de demander une carte d’adhérent à ceux qui veulent consommer légalement du haschich.

Les locaux qui ne se soumettront pas à cette mesure risque la fermeture. Cette carte d’adhérent est réservée aux citoyens hollandais et au résidents. Cette mesure sera appliquée dans l’ensemble du pays en 2013.

Les autorités hollandaises espèrent avec cette mesure en terminer avec le tourisme de la drogue, lutter contre l’exportation de marihuana fabriquée aux Pays-Bas et contrôler les dégâts provoqués par la consommation de cannabis.

Mais les coffee shops ne l’entendent pas de la même façon et critiquent aussi la limite qui leur est imposée de n’avoir que 2000 clients au maximum.

Selon Marc Josemans, président de l’association des Coffee shops de Maastricht, les voyageurs qui ne trouveront pas leur bonheur auront recours au circuit clandestin, ce qui provoquera davantage de problèmes.

L’association craint également l’obligation de posséder une carte d’adhérent pour avoir le droit de fumer du haschich. Pour l’obtenir il faudra la demander à la mairie et une fois que le domicile du demandeur aura été vérifié celui-ci ne pourra consommer la drogue que dans la commune où il réside.

« Personne n’apprécie de devoir s’enregistrer pour avoir le droit de fumer de la marihuana. Et si ensuite tu demandes du travail et que personne ne t’embauche ? » fait remarquer un jeune client.

C’est précisément cette intrusion dans la vie privée des gens et la discrimination envers les citoyens européens que critiquent les propriétaires de Coffe shops qui ont porté l’affaire en justice.

Mais le 27 avril 2012 les juges ont donné raison aux autorités qui œuvraient « au nom de la sécurité du pays ». Mais les Coffee Shops ne désarment et menacent de saisir le Tribunal Européen de Droits de l’Homme.

Le tourisme de la drogue est un phénomène qui s’est amplifié depuis 1976, date à laquelle les Pays-Bas ont décidé de dépénaliser la consommation du cannabis.

Sur les 4,5 millions de visiteurs annuels à Amsterdam, plus d’un million passent par les coffe shops de la ville, selon les chiffres donnés par la mairie. Et ce tourisme ne se limite pas aux frontaliers comme les Belges, les Allemands ou les Français. La Mairie a comptabilisé 135 000 clients Espagnols et 175 000 en provenance des États-Unis.

La carte d’adhérent ne modifie pas la loi qui permet à toute personne de plus de 18 ans la consommation de 5 grammes de haschich à l’intérieur des Coffee Shops. Mais elle veut décourager les étrangers attirés par ce système de tolérance mis en place depuis plus de 30 ans aux Pays-Bas.

Pour les Pays-Bas, cette dépénalisation du haschich était un moyen de faire la différence entre le trafic de drogues dures et de drogues douces afin d’affaiblir le crime organisé.

Mais la loi a ses limites puisqu’elle ne permet pas la culture de la marihuana pour la vente et beaucoup de propriétaires de coffe shops ont recours au marché clandestin pour s’approvisionner.

D’un autre côté, l’Union Européenne a intensifié sa pression sur les Pays-Bas pour que le pays cesse d’être un paradis pour les fumeurs de Marihuana.

Comble de l’ironie, il s’est avéré que le cannabis cultivé sur le territoire des Pays-Bas était beaucoup plus fort que celui importé du Maroc ou du Pakistan. Avec une concentration de Tétrahydrocannabinol (THC) supérieur à 15%, il est maintenant considéré comme une drogue dure depuis le mois de janvier 2012.

L’herbe hollandaise provient de 40 000 plantations illégales dont 80% sont exportées, générant 2 milliards d’euros de bénéfices annuels.

Aujourd’hui le maire de Maastricht, Onno Hoes, conseille aux touristes de rester chez eux car ils ne pourront pas fumer dans sa ville sans carte d’adhérent. Le message a été publié sur YouTube avec des sous-titre en Français, en Anglais et en Allemand pour qu’il soit bien clair.

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